"Les enfants mangent ce dont ils ont besoin"

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"Les enfants mangent ce dont ils ont besoin"

Que faire si mon enfant n'aime pas les légumes et ne veut manger que des aliments sucrés? Nous avons posé la question à la psychologue nutritionniste Ronia Schiftan, qui nous a fourni des conseils étonnamment simples.

Qui est Ronia Schiftan?

Ronia Schiftan est titulaire d'un master en psychologie appliquée avec une spécialisation dans les médias et la psychologie du travail et des organisations de la Haute école spécialisée du nord-ouest de la Suisse (FHNW). Elle possède également un CAS en psychologie de l'alimentation. Ronia est spécialisée dans les domaines de la psychologie des médias et de la santé, tant pour les enfants et les adolescents que pour les adultes. Elle travaille dans de nombreux domaines, notamment en tant que conférencière, enseignante et conseillère.

Si on leur laissait le choix, beaucoup d'enfants mangeraient des pâtes tous les jours. Comment faire pour qu'ils mangent plus sainement?

Rien du tout. Les enfants mangent de manière intuitive. Ils doivent pouvoir développer leurs propres habitudes alimentaires; ils prennent ce dont ils ont besoin. Ils sont nombreux à avoir des phases où ils adorent un plat en particulier, et puis ça passe, sans que cela ne leur fasse de mal.

Pourquoi les légumes sont-ils un problème pour tant d'enfants?

Quand un enfant goûte quelque chose de nouveau, que ce soit un légume ou autre, il doit apprendre, ce qui lui demande de l'énergie. Et il est difficile d'apprendre quand les batteries sont vides et que l'on a faim, précisément à l'heure du dîner ou du souper. La préparation du repas offre de bien meilleures conditions: les enfants ne sont pas encore affamés et se trouvent au plus proche de l'action. Ils peuvent couper les poivrons. Goûter un morceau. Ils ont alors davantage de contrôle sur la nourriture et sont plus en confiance. Voilà pourquoi on suggère de ne pas mélanger les aliments dans l'assiette: les enfants comprennent ainsi plus facilement ce qu'on leur sert.

Les sucreries ne doivent pas servir d'instrument de pouvoir.

Ronia Schiftan

Un sujet de dispute récurrent, ce sont les sucreries. Comment apaiser ce sujet?

En évitant de cataloguer les aliments comme "bons" ou "mauvais". Les aliments ne doivent pas être jugés selon une échelle de valeurs. Par ailleurs, il ne faudrait pas utiliser les sucreries comme un instrument d'éducation, en disant par exemple: "Tu auras droit à un biscuit si tu manges tes petits pois", car l'enfant apprend qu'il doit manger ce qui est "mauvais" pour accéder à ce qui est "bon". Les petits pois sont alors aussitôt relégués au rang de "mauvais". Je conseille aux parents de poser le gâteau sur la table, tout simplement, et de voir ce qu'il se passe. Si l'enfant demande une immense part de gâteau au chocolat, on peut la lui donner. Il remarquera tout seul qu'elle était trop grande. Et en tant que parent, on peut simplement le constater, sans grandes discussions. La prochaine fois, l'enfant saura mieux ce dont il a besoin. Pour tout ce qui est sucré, il vaut mieux modérer qu'émettre un jugement de valeur. On peut ainsi demander: "As-tu vraiment faim ou en as-tu plutôt envie?"

De nombreux parents ont des exigences élevées en matière de nourriture. Et ils ont mauvaise conscience quand ils sortent une pizza toute prête du frigo. À raison?

Bien sûr qu'il est préférable pour la santé de ne pas manger des plats préparés tous les jours, ce qui serait d'ailleurs aussi très ennuyeux. Mais il est plus important que l'ambiance soit bonne: avec une tablée détendue, on mâche mieux, on mange plus consciemment, et les quantités dont on a vraiment besoin. Autre point important: ne pas forcer un enfant à terminer son assiette. S'il sent qu'il a assez mangé, son corps lui envoie un signal très important qu'il faut respecter. Ensuite, l'enfant devrait pouvoir quitter la table. C'est aussi plus relaxant pour les parents!